Proportionnelle : Bayrou maintient la pression sur Macron mais refuse de lui faire du «chantage»
Invité du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-LCI dimanche, le haut-commissaire a également esquissé un «Plan Marshall» d'après crise.C'est ce que l'on appelle le «carpet bombing». La technique est bien connue de François Bayrou. Elle consiste à se saisir d'une idée ; à la marteler autant que possible - parfois jusqu'à épuisement ; et à espérer qu'elle finisse par être entendue. Depuis son interview au Figaro , dans laquelle il exigeait que la proportionnelle soit soumise aux Français par référendum, le président du MoDem n'a pas rendu les armes sur ce sujet dont il a fait l'un de ses marqueurs politiques. Bien au contraire. Invité du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-LCI dimanche, le maire de Pau a une nouvelle fois défendu ce projet, qui lui tient à cœur de longue date. «C'est un des engagements de campagne (d'Emmanuel Macron) . [...] Ça faisait partie de notre alliance», a-t-il d'abord rappelé. Manière de mettre la pression sur le chef de l'État pour qu'il accède à cette promesse avant 2022 ? «Je ne fais pas de chantage», a balayé le centriste, refusant dePour autant, et bien qu'il affirme n'avoir «aucune envie» de se «disputer» avec le président de la République, le haut-commissaire au Plan a maintenu la pression sur l'exécutif. «
On ne peut pas continuer comme ça, avec un Parlement dont les électeurs se détachent, ne participent plus aux élections et, lorsqu'ils ont une difficulté avec une décision qui va être prise, n'ont plus qu'une chose à faire : manifester, aller vers les blocages, les grèves et les violences», a-t-il alerté. Selon lui, il existe en effet un cruel manque de représentativité à l'Assemblée nationale, qu'il juge intrinsèquement lié au mode de scrutin des législatives (majoritaire à deux tours). En témoigne la présence quasi-anecdotique du Rassemblement national sur les bancs du Palais Bourbon. «Marine Le Pen, elle a été au deuxième tour de la présidentielle (de 2017). Elle a fait 35% des voix. Et elle est revenue un mois après avec six députés ! Un pourcent des sièges !», s'est-il étranglé. «Je pense que ça a joué un très grand rôle» dans l'apparition du mouvement des «gilets jaunes», a-t-il ajouté.D'où son insistance pour tenter d'obtenir gain de cause avant la fin du quinquennat, quitte à devoir réaliser certaines alliances contre-nature pour y parvenir. «Je ne mène les combats que quand je pense qu'il y a unechance de les gagner», affirme-t-il. C'est dans cette logique qu'il a récemment écrit une lettre ouverte au chef de l'État. Sa missive n'a pas reçu de réponse à ce jour, mais elle a recueilli l'assentiment d'une grande partie de la classe politique : «depuis l'extrême gauche jusqu'à l'extrême droite, en passant par le centre et les écologistes». Seuls les partis traditionnels que sont le Parti socialiste et Les Républicains ont refusé de s'y associer, suscitant parfois quelques remous internes dans leur camp. «C'est un sujet sur lequel l'alliance des citoyens est souhaitable», a-t-il réclamé, invitant toutes les forces du pays à dépasser leurs réticences et à s'unir pour «une démocratie enfin vivante». «Tout le monde aura, d'une manière ou d'une autre, à prendre ses responsabilités», a-t-il jugé.
Vers des hausses des taxes et d'impôts pour financer la dette à long terme ?
qu'Emmanuel Macron a cédé à la facilité, et qu'il s'est rendu coupable d'une «négation de démocratie» en multipliant les comités de citoyens tirés au sort, François Bayrou a estimé que la crise du Covid devait permettre à la France de repartir du bon pied. Et de poser les bases d'un avenir meilleur sur le plan démocratique, mais aussi économique. Il a ainsi réclamé un nouveau «Plan Marshall», distinct du plan de relance, afin de reconstruire l'appareil productif.
Le haut-commissariat au Plan «proposera» d'ailleurs une «approche» dans ce sens «dès la semaine prochaine», avec «un horizon au moins à trois ans». Projet de dette que les Français devront «être capables de financer» sur le long terme. Quitte à ce que cela passe un jour par des hausses d'impôt ou de taxes, notamment pour les plus aisés ? «Pourquoi pas», a-t-il esquissé, sans toutefois définir précisément les catégories concernées. «4000 euros par mois, pour moi c'est les classes moyennes. [...] Je ne dis pas que c'est les riches», a-t-il glissé.